Zimbabwe
Au Zimbabwe, le rôle des religieux dans la résolution de l’interminable crise politique qui secoue le pays depuis des décennies est à peine visible. Résignation ou engagement ?
« Nous ne voulons pas d’un gouvernement d’union nationale, mais partageons la vision, l’union des idées qui font avancer le pays », a déclaré mercredi le leader du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), principal parti d’opposition au Zimbabwe.
C‘était lors d’un meeting dit de « l’espoir » tenu à Harare devant des milliers de ses partisans.
Mais à peine Chamisa venait-il d’achever son speech que tout s’est gâté. Bien que le quotidien gouvernemental The Herald Zimbabwe n’en ait pas parlé, d’autres organes ont fait état de heurts entre policiers et membres du MDC présents au meeting.
Et de nombreuses vidéos postées sur les réseaux sociaux montrent bien comment les hommes en uniforme frappaient sans ménagement des fidèles de Chamisa. Une atmosphère aux antipodes de l’espoir suscité la veille par la rencontre entre l’évêque Nehemiah Mutendi, envoyé spécial du président Emmerson Mnangagwa et Nelson Chamisa.
« J’ai dit à Mgr Mutendi que nous étions disposés à parler à Mnangagwa à tout moment. Je lui ai dit qu’il (Mutendi) devrait donner de judicieux conseils à Mnangagwa. Ce pays n’a pas de bâtisseur national, car Mnangagwa se comporte comme un chef de parti », a déploré mardi Chamisa dans une interview accordée au Daily News, un quotidien indépendant.
Aux abonnés absents ?
Allusion à peine voilée à la dégradation du climat sociopolitique (répressions, manifestations, inflations, etc.) en cours au Zimbabwe depuis l’accession au pouvoir en novembre 2017 de Mnangagwa, suite à la démission de Robert Mugabe. Lequel a lui aussi régné sans pour autant être parvenu à favoriser une décrispation entre son camp et celui de son opposant Morgan Tsvangirai.
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Contrairement à de nombreux pays comme la RDC où l‘épiscopat a joué un grand rôle dans la mise en place des solutions de sortie de crise comme l’accord dit de la Saint-Sylvestre en 2016, l’une des rares implications du clergé zimbabwéen date de novembre 2017. Lorsque des religieux ont assuré la médiation entre Mugabe qui refusait de démissionner et l’armée qui venait de le déposer.
Une faible ou absence d’implication qui met en lumière ce que représente le clergé zimbabwéen devant la politique. Sans doute par souci de neutralité. Mais beaucoup plus parce qu‘étant présent dans les rangs du pouvoir à l’image de Nehemiah Mutendi, délégué par Mnangagwa auprès de Chamisa. Et également parce qu’engagé au sein de l’opposition comme le prédicateur religieux Evan Mawarire.
Difficile donc dans ces conditions de faire asseoir les forces vives autour d’une table pour leur prêcher l‘évangile du dialogue et de l’unité.
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